• La vache ne sera pas pop. Elle sera gore. Toute l'équipe de création de Vache actuelle en convient. On ne rigole plus dans les abattoirs. Les images ne sont pas celles d'Heidi au Pays du beurre. Ou alors au pays du beurre rance et du steak avarié. La vache, c'est notre ressource. Je pensais qu'elle nous inspirerait quelque chose de festif. Hé bien non. Ce qu'elle nous dit de l'humanité n'est pas ragoûtant.

    Tout ça me convient. Finalement, ça ressemble à ce que j'écris en temps normal. Mon constat sur la marche du monde est assez désespéré, donc méchant, sale. Je me pose juste la question de la réception future de ce spectacle. Et de comment assumer le fait de créer et de propager un univers poétique et des images plutôt monstrueux? On dit de moi que je suis un auteur mysogyne parce qu'il y a des scènes où des femmes se font quelque peu maltraiter. Ici, on me désignera peut-être comme quelqu'un d'encore plus puant, macho, raciste, primaire... Qu'importe, je ne suis pas ce que j'écris. Le monde est ce que j'écris, du moins c'est la matière première de mon écriture.


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  • Côté production, à moins de deux mois des premières répétitions, la pression monte. La metteure en scène rencontre tous les concepteurs qui me demandent de rendre des comptes. Je n'ai pas terminé la deuxième version du texte qui précise des choses fondamentales. Cette version est en friche. Je ne peux pas la transmettre en l'état, ni la faire lire, un peu comme un peintre qui recouvre une toile d'un voile lorsqu'il prend une pause. Ecrire pour le théâtre demande de l'humilité. Pour que les partenaires du travail avancent, il faut s'avouer imparfait et laisser les autres visiter une maison en chantier pour qu'ils décident de l'ameublement et des couleurs. La deuxième version doit être terminée à la fin de la semaine. Je n'y arriverai pas.

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  • Devant un blocage dans l'écriture, il existe plusieurs stratégies. Ici, je suis face à un personnage qui n'avance pas, qui n'a pas d'autre substance que ce qu'il fait. Sans chair, pas de plaisir à le façonner. Le personnage est mou et son langage aléatoire. Durant tout le voyage entre Porrentruy et Sargans, au pied du Liectenstein, via le lac de Constance, j'essaie de le faire parler dans le vide. J'essaie de décrire son comportement de manière presque scolaire. Ou alors je pense à n'importe quoi, un ver dans une pomme par exemple, et j'explore ce que le personnage en dit. Rien. Sec. Case départ. Alors je me planque dans un bistro de Sargans et Je me laisse. Je suis spectateur d'une conversation au Stammtisch :
    Un vieux ventru : Zum Glück gibt's Bier ! (Il rit.)
    La serveuse étrangère : He ?
    Le vieux ventru : Zum Glück gibt's Bier. (Il rit.)
    Quand je reprends le train dans l'autre sens, je suis un imbécile heureux. Heureusement qu'il nous reste la bière. Tout coule. Le personnage se colore et prend vie. Il est aussi lamentable que les autres, aussi petit. Il trouve son humanité. C'était pourtant si simple.


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