• Le Projet Vache est dans une période cruciale. L'organisation de la tournée et des demandes de subventions s'avère parfois kafkaïenne. L'auteur n'est auteur que lorsqu'il a fini de régler ce qui lui permet de jouer au transformiste. Le temps alloué à la logistique de l'écriture théâtrale dépasse parfois celui de la création.

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  • La création a parfois des raisons que la raison ignore. Depuis le séjour à la Casa Pantrova, j'ai le canevas et les personnages en tête. Je comprends ce qui se passe dans l'histoire que je dois écrire. Tout est éminemment clair au stade où j'en suis. Et pourtant, depuis quatre jours que je rumine ce canevas, tout ce que je vêle est inodore et m'ennuie profondément. Ecrire le texte d'après ce que je sais m'indiffère. J'ai l'impression d'être un fonctionnaire de l'écriture. Mes répliques sont sans relief. Et c'est tant mieux ! Tant mieux parce que ça prouve que la création ne se contente jamais de recettes. Il faut une part d'inconnu dans ce travail. Depuis quatre jours, je n'ai plus suffisamment d'inconnus. Je me pose donc des questions sur la forme et c'est là que je coince. Le vide. Pas d'idée.
    Quand mes élèves me parlent de ces moments où plus rien ne sort, je leur dis d'aller voir un match de hockey ou de jouer aux cartes. De se vider la tête le plus possible. Tant que l'incubation continue ! Et pourtant moi-même j'en suis incapable. Le facteur temps est impondérable. On sait quand commence le travail de création, mais la fin n'est jamais la vraie fin. Ici, je sais que le 25 août, ce texte qui n'existe pas encore et qui n'a pas de titre sera dit devant un public aguerri. Mon travail sera jugé. Pourvu qu'il soit plus proche de la fin qu'il ne l'est aujourd'hui ! Je sais déjà que je manque de temps, alors montent les premières angoisses, encore plus sclérosante.


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  • Berthoud, avant la partie de cartes, je trouvais ça moche
    Et puis je m'arrête dans un troquet pour me ravitailler le corps. Pendant que je me questionne sur la forme à trouver pour cette histoire sur une vache qu'on ne voit jamais, j'entends des voix suisses allemandes, des voix dont je ne vois pas les propriétaires. Et le lien, l'eurêka, apparaît. Le système que je dois inventer se situe là, dans le hors-champ, dans la mécanique des voix off, dans ce qui est vu et ce qui est caché. Celui qui parle peut être vu, ou pas. Celui qui se tait peut aussi être au premier plan, pendant que d'autres parlent ailleurs. Ce concept, que je vais m'amuser à exploiter, va imposer un forme au jeu, à la mise en scène, à la scénographie, dont les acteurs devront à leur tour trouver un concept.


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  • Ce que j'aime dans la création qui me donne néanmoins souvent envie de m'inscrire à l'usine, c'est que les solutions surviennent à des moments impromptus, comme des peaux de bananes sur lesquelles les gens taciturnes glissent. Ça donne l'impression d'être intelligent même en jouant aux cartes ou en gueulant sur les méchants adversaires d'une partie de hockey...

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