Par
superschnitzel dans
jextrapole le
30 Mars 2007 à 16:15
Je ne sais pas ce qu'il en est des peintres ou des cinéastes, mais l'auteur, lui, est un animal transformiste. Il faut par moments, et si possible quand s'approchent les rendez-vous avec les politiques ou les programmateurs, qu'il puisse rugir. Il doit considérer ses verbes comme les meilleurs du monde. Et à chaque mot tapé sur l'écran, il se croit roi de la jungle, inventeur de formes et écraseur de tout ce qui s'est fait auparavant. Le lion convainc, impressionne, mais se réveille soudain aveugle comme une taupe. Il ne voit plus rien devant lui, creuse la terre pour s'y enfermer et pour que personne ne le dérange ou ne lui parle de ce qu'il a inventé la veille, tant ses preux rugissements lui paraissent alors comme des piailleries plates et grotesques. A chaque métamorphose, l'animal perd des plumes. Je ne sais pas ce qu'il en est des romanciers, mais l'auteur de théâtre traverse ces mues avec des heurts maîtrisés grâce à ses interlocuteurs de la scène qui souvent, réverbèrent la tonalité exacte de ses vociférations.